Guerre ou paix

Comme tous les officiers supérieurs israéliens, Moshé Dayan pense que Tsahal est suffisamment forte pour achever la conquête de toute la Palestine et rejeter la légion arabe au-delà de la rive occidentale du Jourdain. Cependant il accepte l’approche de Ben Gourion qu’il convient à ce stade de se contenter de ce que Israël a déjà conquis et de ne pas poursuivre la guerre. Au cours des délibérations qui se déroulent dans le bureau du premier ministre le 18 décembre 1948 au sujet des négociations avec les jordaniens, Ben Guorion explique : « Le principal objectif actuel est la paix. Ne cédons pas à l’ivresse de la victoire. L’immigration impose l’arrêt des hostilités. Notre avenir exige la paix et l’amitié avec les arabes. »

5 janvier à Rafia’h pendant l’opération ‘Horev. De gauche à droite : Itzhak Rabin, Amos Horev, Ygal Allon, Avraham Negev

Le commandant du front sud, Ygal Allon, s’apprête à achever avec succès l’opération ‘Horev visant à déloger les égyptiens de leurs points d’appui dans le Néguev. Sa gloire comme commandant le plus victorieux de Tsahal dans sa guerre contre les arabes le précède. Allon est identifié avec le parti uni des travailleurs qui exige l’achèvement de la conquête de toute la Palestine. Il a adressé une lettre émouvante à Ben Gourion dans laquelle il insiste pour que Tsahal soit autorisée à attaquer la légion pour l’expulser du pays et positionner la frontière de l’Etat le long du Jourdain, une ligne qui fournirait de nombreux avantages stratégiques à Tsahal.

Tout autant qu’Ygal Allon, Dayan est titillé par cette aspiration à la conquête par Tsahal de ce pays qu’il a parcouru lorsqu’il avait 18 ans. Mais sa loyauté envers Ben Gourion et sa foi inébranlable dans son intelligence et dans son leadership l’empêche de prendre part à ce groupe belliqueux. C’est dans cet esprit qu’il entreprend les démarches dont l’objectif est d’arriver à un accord de paix avec le roi hachémite, bien qu’à ce stade les jordaniens présentent des revendications inacceptables. Abdallah El-Tal l’informe que le roi exige l’ouverture dans le Néguev d’un corridor le reliant à l’Egypte, le transfert des quartiers sud de Jérusalem aux arabes et le retour des réfugiés dans les villes de Ramaleh et de Lod.

Ben Gourion repousse totalement ces exigences bien qu’il soit impatient de mettre fin à l’état de guerre pour se focaliser sur la construction du pays et en particulier sur l’intégration la masse des immigrants qui se pressent aux portes du pays. Il s’avère rapidement que les pourparlers avec Abdullah El-Tal conduisent à une impasse et le roi invite les représentants israéliens à le rencontrer directement à son palais d’hiver dans la ville de Shouné située à l’est du Jourdain.

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