Après quelques mois d’attente, au cours de l’été 1921, Shmuel, Dvora et une poignée de camarades montent les premières tentes du premier village organisation selon le « modèle familial ». La majorité des villages arabes près desquels furent fondés les villages juifs avaient conservé le souvenir des noms bibliques. Ainsi le nouveau village est fondé sur les terres du village arabe de Mahaloul. Or le livre de Josué (XIX, 15) rapporte le nom d’une cité proche de ce lieu, sur le territoire de la tribu de Zevoulon et portant le nom de Nahalal. Il ne leur en faut pas plus pour décider que le nom arabe de Mahaloul n’était qu’une déformation du nom de la cité antique et que leur village s’appellerait Nahalal.
Une grande émotion saisit ses habitants quand à l’occasion de travaux de fouilles furent découverts les ruines d’un ancien établissement. Il s’agissait d’un village cananéen conquis au deuxième siècle avant notre ère par les Maccabées et qui s’appelait Shimonya. Les anciennes murailles, les mosaïques et les ruines d’une synagogue unirent les nouveaux villageois autour de leur passé et renforcèrent leur croyance que par leurs actions ils faisaient resurgir le passé de la poussière.
Dans ses mémoires, Shmuel Dayan se donne la peine de citer des sources de la Bible, du Talmud et des écrits de Flavius Josèphe, comme si elles constituaient des certificats notariaux démontrant le droit des juifs sur cette terre. Il n’est pas ignorant de la présence des arabes dans le village voisin mais il décrit longuement la dégénérescence, la pauvreté et le gaspillage de l’eau du sol qui caractérisaient selon lui la vie des arabes de Palestine. Sa description n’est pas exempte de préjugés. Il décrit » les adultes assis sur leurs talents de manière indolente, discutant entre eux de choses futiles… Certains vivent par la ruse et la querelle, complotant et intriguant l’un contre l’autre. Dans leur village, il y a deux moktars, un musulman et un chrétien qui se haïssent mortellement l’un l’autre. Ce n’est pas ainsi que son fils Moshé verra ces gens parmi lesquels il aura passé son enfance.