Les principaux résultats de Dayan commandant de Jérusalem sont d’ordre diplomatiques. Cette activité le met en contact direct avec Ben Gourion et plusieurs ministres et l’implique dans la politique générale de l’Etat. Il commence par établir un lien solide avec le commandant jordanien de Jérusalem Abdallah El-Tal. Au fil des années se crée entre eux une confiance mutuelle. Leurs rencontrent se déroulent généralement entre les lignes au au nord de la ville, à proximité du passage Mandelbaum, l’unique sas entre les deux parties de la ville, sous le contrôle de l’ONU. Ruth accompagne souvent Dayan à ces réunions. Plus tard elle racontera : « Abdallah El-Tal était un homme agréable, grand, clair de peau, très amical. La seule chose qu’il refusait de faire était d’être photographie avec moi. Il craignait de se montrer trop amical aux yeux de ses hommes. » Au cours de l’une de leurs rencontres il lui dit : « C’est un plaisir de rencontrer un ennemi comme ton mari. »
Rapidement les deux décident de se passer des officiers de l’ONU et lors de l’une de leurs rencontres « entre trois yeux », le 28 novembre 1948, ils s’accordent sur un « cessez le feu sincère et absolu ». Les lignes de démarcation des forces sont dessinées sur des cartes et on fixe le programme des convois pour le Mont Scopus. Une fois toutes les deux semaines des convois montent vers le mont afin de relever les soldats de Tsahal en charge de la surveillance des installations de l’université et de l’hôpital. Afin de respecter l’apparence de démilitarisation du mont, les soldats portent des uniformes de policiers. Ces convois acheminent aussi le ravitaillement pour les hommes et les animaux du zoo biblique encore sur place. Deux fois par moi, il faut transporter à dos d’ânes la nourriture fraiche pour le lion, la lionne et le couple d’ours qui vivent dans ce zoo. Dayan et El-Tal mettent en place un téléphone rouge leur permettant d’entrer en contact direct afin d’éteindre tout départ de feu susceptible de porter atteinte à la situation fragile le long du front.
Les difficultés surviennent à de nombreuses reprises à propos du tracé exact des lignes de séparation. Dayan et El-Tal ont tracé ces lignes avec des crayons de couleur gras sur des cartes posées sur un sol encombrés de cailloux. De temps en temps le crayon passe sur un caillou et le trait recouvre une ruelle entière ou une rangée de maisons proches du no-man’s-land. Aussitôt des disputes éclatent entre les soldats des deux camps. Une partie de ces disputent sont réglées par le téléphone rouge mais les autres resteront en suspens jusqu’à la guerre de 1967.
La confiance réciproque entre Dayan et El-Tal vient en partie de l’accord des jordaniens de renvoyer en Israël les 670 israéliens et retenus depuis de longs mois dans des camps de prisonniers dans l’est de la Jordanie. Tsahal n’avait fait qu’une douzaine de prisonniers jordaniens mais Abdallah El-Tal, estimant que la guerre israélo-jordanienne est terminée, accepte l’échange de prisonniers avant que l’accord de cessez le feu entre les deux pays ne soient officiellement signé. Cet accord de « cessez le feu sincère et absolu » représente une tentative de résoudre le problème existant entre les deux parties. Les rencontres deviennent vraiment officielles. Reouven Shiloa’h, du ministère des affaires étrangères, accompagne Dayan. Les deux parties s’accordent pour mener des négociations sur des échanges de territoires afin de créer un corridor libre pour les arabes circulant entre Bethléem et Jérusalem et pour les juifs un corridor à Latroum sur la route Tel-Aviv – Jérusalem, et un accès libre au mur occidental. Comme il est d’usage, on échange des propositions d’accord officiels rédigés par des juristes, en hebreu, en arabe et en anglais. Cependant les désaccords restent profonds et Ben Gourion préfère entamer de vrais pourparlers de paix.