Dvora Zatlovsky

Dvora Zatolovski en 1920

La mère de Moshé naît également en Ukraine, dans un petit village proche des rives du Dniepr, d’un père cultivé et aisé qui faisait le commerce du bois et qui etait le seul juif du village. Il parlait correctement l’hébreu et avait même publié dans cette langue des articles et des livres. Mais dans la famille de Dvora et dans son entourage on ne parle que le russe et elle apprendra l’hébreu qu’après son Alyah en Eretz-Israel. Dans son enfance elle étudie à l’école communale du village puis au lycée russe du district et à l’université de Kiev. Là elle découvre la grande littérature russe et les idées révolutionnaires de sa génération. A propos de la jeunesse de sa mère, Moshé Dayan raconte :  » Elle aimait de toute son âme la terre russe. Elle connaissait la langue et en etait imprégnée. Les souffrances du prolétariat russe étaient au centre de ses attentions.  »

Haifa en 1910
Haifa en 1910

Elle redécouvre son appartenance au peuple juif à l’âge de 21 ans quand elle s’engage volonté ment en 1907 pour être sœur de charité sur le front Bulgare pendant la guerre des Balkans. Dans ses mémoires elle écrivit :  » Une erreur est apparue dans la vie. Le peuple à qui je voulais donner les forces n’était l’as le mien. Et je m’aperçus que je ne connaissais pas le mien. Je ne connaissais pas sa vie et sa langue. Je devais recommencer à zéro.  » En janvier 1913, Dvora quitte sa maison. Quand elle arrive dans le port de pêcheurs misérable et désolé de ´Haïfa, elle éclate en sanglots. Elle porte sur elle une lettre de recommandation pour un des membres de Dégania vers où elle se rend immédiatement. Son fils raconte l’accueil qu’elle y reçut :

« Ils l’accueillirent avec scepticisme et soupçon. Jeune et jolie, portant des tresses noires, délicate et fragile, des yeux marrons débordant d’intelligence, fille de parents aisés, diplômée de l’université et possédant de réelles capacités littéraires.  Quel lien entre elle et le travail agricole dans la vallée du Jourdain ? »

Pendant des années le cœur de Dvora fut partagé.

« Ma mère avait quitté les rives du Dnierp mais avait refusé d’abandonner son bagage culturel. La beauté de l’enseignement de Tolstoï, la chaleur de l’écriture de Tchekov, les vers brillants de Poushkine, la douceur de Gogol avaient façonné sa culture et formé son âme. Étant donné cela, il lui fut difficile de s’intégrer au groupe de camarades de Dégania très liés à la culture hébraïque, et de s’acclimater à son nouvel habitat. Là-bas aussi elle se sentit étrangère. »

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