Dayan n’attend pas d’avoir 16 ans pour être impliqué dans sa première polémique politique qui allait le marquer pour longtemps. Après la première guerre mondiale, des mouvements de jeunes sionistes ont surgi dans toute l’Europe. Ils forment leurs militants à la réalisation pionnière par l’Alyah en Eretz-Israël et à la fondation de villages. A la fin des années 1920, les partis commencent à créer leurs mouvements de jeunesse en Eretz-Israël. Dès 1924, la Histadrout fonde le mouvement « la jeunesse ouvrière ». En 1931, après que le parti Hapoël Hatzaïr, le parti des habitants de Nahalal, ait rejoint le parti uni des travailleurs d’Eretz-Israël (le Mapaï), des militants de la Histadrout demandent à ce qu’une antenne de la Jeunesse Ouvrière soit créée à Nahalal. Israël Galili, un des leaders du parti, est dépêché à Nahalal. Quelques jeunes du village soutiennent cette initiative tandis que la majorité, les plus vieux d’entre eux, s’y opposent. Ils affirment que le mouvement de la jeunesse forme à la vie au Kibboutz et qu’en conséquence les jeunes du moshav seront tentés de l’abandonner. A cela s’ajoute une préoccupation plus politicienne : malgré l’union politique récente, les militants du Poaleï Hatzaïr craignent la main-mise de la majorité.
Moshé Dayan est l’un des principaux opposants. Dans un texte qu’il publie dans le journal local, il affirme qu’au moshav il n’y a pas la place pour une activité supplémentaire en plus de ce qui existe déjà sur les plans de l’éducation et de la culture. Les jeunes du moshav travaillent de longues heures dans la fermes de leurs parents, qu’ils sont trop fatigués pour s’imposer une nouvelle charge. Et de toute façon, il se trouve à Nahalal suffisamment d’intellectuels distingués pour que la jeunesse n’ait pas besoin d’un enseignement venu de l’extérieur et d’une éducation imposée par le haut. Quand Dayan débutera 25 ans plus tard sa carrière politique, il verra dans la jeunesse du moche sa vrai base arrière. Il sera confronté aux kibboutzim quand il sera le chef de l’Etat major, et comme ministre de l’agriculture, il souhaitera privilégier les villages de nouveaux immigrants. Au yeux du mouvement des kibboutzim il passera comme celui qui les déteste et qui leur met dans bâtons dans les roues. Et il aura maint fois l’occasion de recroiser Israël Galili.