Néanmoins parmi les instants les plus aigus forts gravés dans sa conscience concerne l’accroissement de la tension entre arabes et juifs après la grande guerre. Avec la déclaration de Lord Balfour, le ministre des affaires étrangères de sa gracieuse majesté, le 2 novembre 1917, le gouvernement britannique s’engageait à faciliter la création en Palestine d’un foyer national pour le peuple juif. La publication de la déclaration suscita l’opposition des arabes et aiguisa leur conscience nationale. Au printemps 1920, éclatent à Jérusalem et dans d’autres régions d’Erez-Israël de violentes manifestations de citoyens arabes qui entrainent des pertes en vies humaines des deux côtés et par l’abandon de quelques villages juifs incapables de faire face aux attaques arabes.
Les arabes se concentrent dans la vallée du Jourdain dans l’intention d’attaquer un camp de soldats indiens posté situé à Tséma’h et l’un des villages juifs des environs. Quelques temps auparavant, un nouveau groupe de pionniers s’était établi dans un village fondé au sud de Dégania. Shmuel Dayan, fidèle à sa conception du devoir d’un ancien pionnier de susciter de nouveaux villages, se joint à ce groupe et installe sa petite famille dans le nouveau point de peuplement nommé Dégania Bet. Il fait office de formateurs nouveaux pionniers et assume le rôle de commandant de la place. Dvora cuit du pain et participe aux travaux des femmes.
Les arabes se fixent comme objectif ce nouveau village qui ne compte alors qu’une grande baraque en bois et quelques tentes. Il n’y a pas encore de fortifications ou de clôtures. Lorsque l’attaque semble imminente, on évacue les femmes et les enfants vers Dégania Alef qui était déjà entouré d’un mur. Dès que plusieurs centaines d’arabes commencent à attaquer, il devient clair pour Shmuel que la poignée d’adultes qui restent pour protéger la place ne pourra pas faire face et il ordonne la retraite. Il part le dernier après avoir mit le feu à la grande baraque en bois. Une haute flamme visible depuis la cour de Dégania Alef consume la baraque; son souvenir restera longtemps imprimé dans la mémoire de Moshé, garçon âgé de 5 ans. L’opposition entre la curiosité qu’éveillaient en lui les arabes qu’il voyait dans le souk de Tséma’h et la conscience de la menace croissante du nationalisme arabe symbolisé par la flamme de la baraque de Dégania Bet, accompagnera Dayan toute sa vie.