Moshé connut de grandes satisfactions au cours de ses études dans la petite école qui fut bâtie dans le village. En 1922 Méshoulam Halévy, jeune professeur, arriva à Nahalal avec la mission d’éduquer les enfants du village. A sa demande une grande tente fut dressée au centre du village mais il préféra enseigner aux plus grands dans la baraque qui lui servait d’habitation. La classe n’était pas organisée selon le schéma classique avec des rangées de bancs et une table pour le maître, posée entre eux et le tableau noir. La pièce de Méshoulam ressemblait davantage à un salon de détente d’une maison familiale: au centre, une grand table à manger, autour de laquelle étaient assis les enfants lorsqu’ils devaient écrire ou dessiner. Quand Méshoulam lançait une discussion, les enfants s’asseyaient sur le canapé ou sur un tapis posé sur le sol. Celui qui préférait lire seul pouvait s’isoler dans un coin sur un tabouret. L’été, le soleil frappait le toit en taule et transformait la pièce en four brulant. Les enfants enflammaient des ronces à l’entrée de la maison afin de faire fuir les moustiques. En hiver la pluie ruisselait du plafond et il fallait disperser dans la pièce des cuvettes et des sceaux afin de recueillir l’eau. Le vent passaient par les fentes et le maitre comparait la baraque à l’arche de Noé.
Méshoulam apporte avec lui les nouvelles tendances en terme d’éducation en vogue en Europe après la première guerre mondiale. les idées de Maria Montessori, de Janousz Korczak, de Gustave Vinquen (?) et d’Anton Makarenko qui plaçaient l’élève au centre de l’action éducative et privilégiaient l’autonomie des élèves. Ces approches étaient adaptée à l’atmosphère moderniste qui avait court en ces temps dans les villages sionistes. L’accent mis par Méshoulam sur l’étude de la nature et de la Bible convient très bien au tempérament de Moshé enfant. Méshoulam organise souvent des sorties à l’extérieur du moshav avec ses élèves au cours desquelles il leur enseigne à reconnaître la richesse de la vie et de la flore. Au lieu de leur inculquer des faits et des versets, Méshoulam Halva tente de stimuler chez ses élèves l’aptitude à la réflexion. et la faculté de jugement en leur communiquant les outils d’un apprentissage autonome. Pour l’éducation d’un paysan intelligent et cultivé, il n’était pas exigé de certificats, de grades ou d’examens.
Il encourage les enfants à tenir un journal intime, à éditer un journal interne et même à s’écrire des lettres les uns les autres. Il les consulte toujours sur la fixation des sujets d’étude et il encourage une vie sociale entre eux. Méshoulam aime la musique et joue de plusieurs instruments. Il éduque ses élèves à l’amour de la musique. Moshé n’a pas l’oreille musicale et au sein de l’orchestre organisé par Méshoulam, il s’efforce de se contenter d’un sifflet qui imite les sons du coucou dans la symphonie des jouets de Haydn, ou d’un triangle dont le son s’entendait avec difficulté. Et même s’il frappait son triangle au mauvais moment, cela ne nuisait pas à l’harmonie du reste de la troupe.
Face à cela les aptitudes de Moshé pour le dessin, la versification et l’écriture d’histoires trouvent à s’épanouir dans le bulletin de l’école. Dans ses mémoires, Dayan raconte qu’il aimait par dessus tout les randonnées. Les Shabbats et les jours de fête il sortait seul ou avec quelques camarade à cheval pour de longues excursions le long de la rivière du Kishon et jusqu’à Marguélot HaCarmel. Plus d’une fois ils dormaient chez des villageois arabes ou dans des tentes de bédouins dans la plaine de l’Emeq.