Dvora est souvent malade et forcée de rester éloignée de la maison pendant de longues semaines, à l’hôpital ou en maison de convalescence. Et voici que naît Zohar, le jeune frère; la maman doit prendre soin des deux jeunes enfants. Pendant ce temps, Shmuel devient l’un des leaders du mouvement des moshavim et est très actif au sein du parti, des organisations ouvrières et paysannes et du mouvement sioniste en général. Il s’absente fréquemment de la maison pour le compte de ses activités publiques et pour des missions dans toute l’Europe et aux Etats-Unis, afin d’enrôler de jeunes juifs dans l’entreprise de développement sioniste en Eretz-Israël. Le jeune Moshé est souvent forcé de prendre seul à sa charge les travaux de la ferme. Il ne s’en plaint pas, bien au contraire. Il raconte à ce propos :
« J’étais seul pour fêter mon 11ème anniversaire. Je faisais sortir les vaches vers les champs, j’arrosais les plantes, je m’occupais des tâches urgentes de la ferme. J’écrivais mon journal, j’écrivais des rimes et je lisais beaucoup. Le fait d’être seul ne m’oppressait pas. J’étais à la maison, labourant les champs d’une jeune plantation, attendant la pluie, surveillant les couvées jusqu’aux éclosions. Et la nuit, j’entendais les bruits des grillons, des grenouilles et des vaches de l’étable. »
Les parents ajoutent à leur modeste demeure une petite chambre dans laquelle il y avait juste assez de place pour un lit et une table d’écriture. Ruth, la future épouse de Moshé, se souvient d’une chambre « dont les murs étaient présentaient de nombreuses fissures ». C’est la chambre de Moshé. C’est là qu’il passe l’essentiel de son temps libre après le travail et les études. Il s’habitue à vivre avec lui-même, lisant et s’abandonnant à ses pensées. Ce penchant à s’éloigner du tumulte de la foule et à rester avec lui-même sera l’un des traits de caractères de Dayan tout au long de sa vie.