Saint Jean d’Acre

Cour de la prison de Saint-jean d'Acre en 1947
Cour de la prison de Saint-jean d’Acre en 1947

La prison de Saint-Jean d’Acre était le principal lieu de détention utilisé par les autorités dans laquelle étaient surtout enfermés des criminels, et parmi eux de nombreux arabes. A côté des proxénètes, des violeurs, des voleurs, des meurtriers, on y trouvait également des combattants de la guérilla palestinienne et des détenus de l’Irgun, ainsi que quelques membres de la Haganah, c’es derniers faisant les frais de la nouvelle politique anglaise depuis l’instauration du livre blanc. La construction datait du XIIe siècle, au départ une forteresse du royaume chrétien. Des murs épais entouraient des cellules humides et moisies ; au centre une cour pour marcher ; sur l’un des cotés de la prison, il y avait une pièce équipée d’un gibet ou l’on exécutait de temps en temps des détenus condamnés à mort. C’était un lieu angoissant et déprimant en opposition totale avec la fraîcheur du vent qui soufflait de la Méditerranée que l’on pouvait contempler depuis le toit de la prison et qui s’étendait à perte de vue au delà des fossés de la forteresse.

Moshé Dayan et les autres détenus, habitués à collaborer avec les autorités britanniques, sont convaincus que la direction du Yshouv va intervenir rapidement pour les faire libérer. Ils vont être bien vite déçus. Ils vont être jugés pour l’exemple. La Haganah recrute les meilleurs avocats et fait pression sur les autorités anglaises à Jérusalem et à Londres. Elle ne cherche pas à nier les évidences, elle se concentre sur les motivations et non les faits. Ainsi la thèse de la défense est que les jeunes arrêtés avec leurs armes s’entrainaient pour se préparer à la lutte contre les nazis, l’ennemi commun. Les juges, tous officiers, ne sont pas convaincus.

En vertu des règles de l’état d’urgence instaurées par les britanniques lors de la grande révolte arabe, la détention d’armes illégales est passible de la peine de mort. En conséquence les juges estime que la peine de 10 ans à laquelle ils condamnent les accusés n’est pas exagérée. Les détenus, leurs familles et la communauté juive sont frappés de stupeur. Il est évident que cette sentence particulièrement dure découle de la volonté des britanniques d’entraver le renforcement de la Haganah et de démontrer au monde arabe qu’il n’y a pas deux poids deux mesures. Ruth, la jeune épouse de Dayan exprime dans son journal intime la mesure de son désarroi :

« 10 ans, c’est à dire jusqu’en 1949. Toutes les attentes, les espoirs, les beaux rêves, tout est détruit. Impossible de saisir la signification tout cela. Personne n’ouvre la bouche. Mais une haine profonde contre les anglais s’enracine dans nos coeurs. Ceux que nous avons aidés, dont nous voulions être proches. Que Moshé n’a-t-il pas fait pour leur être agréable et voici qu’ils le trahisse… Quels mots pourraient  traduire notre peine et notre désespoir ?

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