La nuit est tombée lorsque Dayan repart pour le champ de bataille. Comme il craint de tomber dans une embuscade, il décide d’attendre l’arrivée de l’aube et il s’endort dans un champ de maïs. Dans ses mémoires on retrouve un passage poétique intéressant à mentionner :
« Alors qu’à présent j’étais devenu un homme de la cavalerie et je faisais la guerre sur un véhicule en mouvement, rien n’était plus proche et plus apaisant que la terre. la chaleur que se dégageait d’elle, le sable, la poussière, ce refuge et cet abris dans ses replis, tout m’était si familier. Toujours loyale, on pouvait compter sur elle pendant le combat et poser sa tête sur elle pour se reposer la nuit. »
Lorsqu’il rejoint son bataillon et malgré les appels à la prudence de ses hommes, il monte sur une colline dont l’autre versant est encore aux mains des soldats de la Légion arabe et sous la menace de leurs fusils et de leurs mitrailleuses. Il ordonne à l’une de ses compagnies de monter à l’assaut et de prendre la hauteur à l’ennemi. une autre compagnie s’occupe de dégager un blindé jordanien équipé d’un canon qui s’est retourné sur le côté de la route près de Beit Nabala et qui a été abandonné.
Dayan commence à réfléchir au combat suivant. De sa position sur la hauteur, il aperçoit la ville de Lod située à quelques kilomètres de là. Dayan et son bataillon sont à présent positionnés au nord-est de la grande ville arabe. Il suppose que la défense de la ville depuis cette direction est plus faible et qu’une attaque à partir de sa position surprendrait ses défenseurs. [NDT : Les arabes s’attendent à une attaque venant de l’ouest, c’est à dire de Tel-Aviv et non de l’est aux mains de la Légion arabe]
Alors qu’il est en train de se creuser la tête, il reçoit une demande du commandant de la brigade Yphta’h qui a, depuis le début des opérations, attaquer à partir du sud, et dont les hommes se trouvent à présent sur flanc sud-est de la ville. Le commandant de la brigade demande à Dayan s’il peut appuyer ses hommes pendant l’assaut de la ville. Ce dernier lui promet d’arriver rapidement sur la zone.
Dayan ordonne le rassemblement de son bataillon. Il laisse à une compagnie le soin de terminer le combat dans les hauteurs et il positionne le bataillon en convoi le long de la route avec à sa tête le blindé jordanien équipé de son canon déboité suite à l’attaque qu’il a subie. Le moteur a été rapidement réparé, la radio a été réglée sur le canal du bataillon et un officier d’un bataillon d’artillerie a envoyé l’un de ses soldats pour servir le canon. Le blindé a eu droit à une courte cérémonie d’accueil et a été baptisé la « terrible panthère ». La présence du blindé équipé de son canon a insufflé un sentiment de sécurité dans le coeur des combattants. Derrière la terrible panthère s’avance une section de reconnaissance avec ses jeeps, suivies des compagnies d’automitrailleuses. Le convoi se termine par la compagnie de jeeps équipées de mitrailleuses. Dayan est monté dans la seconde automitrailleuse de la compagnie de tête. Le bataillon a subi des pertes au cours des combats dans les villages et privé de la compagnie restée pour terminer les combats au nord de la ville, il se réduit à seulement 200 soldats.