Le Neguev

Mouvements des 17 et 18 juillet 1948 de l’opération « Mort à l’envahisseur »

Dayan fait tout ce qui est en son pouvoir pour remettre en état son bataillon et il se réjouit que la majorité des blessés reviennent dans leur compagnie malgré leurs blessures et leurs pansements. Les combats durent dix jours, du 9 au 19 juillet. Quand une nouvelle trêve se profile que pourrait imposer le Conseil de sécurité de l’ONU, il devient urgent de briser le siège imposé par l’armée égyptienne sur le Néguev. Dayan reçoit l’ordre de placer son bataillon sous le commandement de la brigade Guivati qui opère dans le sud de la plaine cotière. Lors du dernier jour des combats il est décidé de conquérir plusieurs localités. La plus éloignée est Karatiya sur la route conduisant de la ville de Ma’gdal (Ashkelon) au bord de la Méditerranée jusqu’à Hébron. L’armée égyptienne est positionnée le long de cet axe et isole le sud du reste des forces de Tsahal. Karatiya étant trop éloignée, les unités régulières ne peuvent pas rallier la zone à temps. La mission est confiée au bataillon motorisé de Dayan.

Aba Kovner en 1948, avec les défenseurs de Yad Mordékhaï

Pour la première fois, Dayan doit opérer en terrain inconnu sous le commandement d’une brigade régulière dont les modes opératoires sont différents et étrangers à son état d’esprit. Il racontera : « Le Néguev m’était étranger. Un terrain à découvert, sans verger, plat et gris, poussiéreux, des villages misérables fait de briques de boue et sans pierre, sans verdure et où la joie de vivre semblait absente. » Il est très critique à l’égard de la conduite des commandants de bataillons qui dirigent le combat depuis l’arrière par radio. Il propose d’attaquer de jour mais il se confronte à l’opposition des autres bataillons habitués à attaquer la nuit. Il émet des réserves sur le style passionné des proclamations de la brigade composés par Aba Kovner, une sorte de commissaire politique de la brigade Guivati. Kovner comptait parmi les dirigeants clandestins du ghetto de Kovno, puis il avait combattu dans les rangs des partisans russes durant la seconde guerre mondiale. « L’ordre du jour, Morts aux envahisseurs, sonnait aux oreilles comme une proclamation du KKL. Je n’avais pas besoin d’idéologie pour foncer sur le Néguev. Le concept d’envahisseur convenait dans le contexte de la guerre contre les nazis mais semblait grandiloquent dans le cadre de notre guerre contre les arabes. »

Eléments de la brigade Guivati dans le Néguev en 1948

Cette fois-ci la difficulté réside dans le fait que l’atteinte de l’objectif principal suppose une percée à travers plusieurs positions fortifiées. Dayan décide d’éviter autant que possible les confrontations superflues et se fraye un chemin de contournements, sous le feu des mitrailleuses, des mortiers et des canons. Après avoir traversé les lignes, Dayan se retrouve déjà derrière les égyptiens alors que l’assaut sur l’objectif n’a pas encore commencé et qu’une partie de ses équipements sont touchés et ont du mal à traverser une rivière aux pentes escarpées. Dayan craint que ses hommes soient épuisés après huit jours de combats sans interruption. Il ordonne à ses soldats de creuser un passage dans la terre molle des pentes de la rivière. En attendant il s’offre un petit repos sur le côté. Lorsque l’ouvrage est achevé, on le réveille et il ordonne à ce qui reste de son bataillon de monter à l’assaut du village par l’arrière. Il est déjà 4h et la lumière de l’aube s’esquisse à l’orient. L’unité de déploie, la « terrible panthère » bombarde les positions et oui les armements arrivés sur la ligne d’attaque ouvrent le feu. Le village est pris en quelques minutes. Le matin venu, des unités régulières prennent la relève du bataillon de commandos qui peut retourner à sa base pour se rétablir. C’est le dernier engagement au cour duquel Dayan participe directement en tant que combattant de la première ligne. Il aspirera toujours à atteindre les lignes avancées, mais à partir de maintenant son travail sera plus complexe et il devra envoyer à l’avant d’autres personnes. Ben Gourion ne veut pas attendre davantage. La trêve entre en vigueur le 23 juillet 1948 et il nomme Dayan au poste de commandement de Jérusalem.

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