De retour à la base de son bataillon, Dayan retrouve ses soldats s’apprétant à partir au combat dans les prochaines heures. Pendant la trêve, Tsahal s’est sensiblement renforcée, d’importantes quantités d’armement sont arrivées en Israël, dont des chars, des canons et des avions de combat. A fin de la trêve, le 9 juillet, Tsahal est prête à prendre l’initiative d’offensives, au moins sur quelques fronts. L’attaque principale concerne le front central. Les forces de la Légion arabe sont stationnées dans les villes arabes de Lod et de Ramleh, à proximité du coeur juif, Tel-Aviv. Tsahal concentre une force de quatre brigades pour conquérir ces deux villes et une douzaine de villages sur les premières hauteurs le long de la route menant à Jérusalem afin de repousser les jordaniens plus à l’est.
La majorité des officiers supérieurs de cette armée qui est rassemblée pour la bataille sont des compagnons de Dayan du début de sa trajectoire au sein de la Haganah et certains ont été ses élèves. Le commandant de toute l’opération est Ygal Allon, parvenu à cette fonction après des succès impressionnants à la direction du Palma’h et pendant les combats en Haute-Galilée. Il a maintenant un grade équivalent à celui de général. Dayan a le grade de commandant et il est l’un des douze commandants de bataillons participant à l’opération. Il est évident qu’il commande l’une des meilleures formations de Tsahal et qu’au-dessus de ce bataillon plane l’esprit offensif et hardi de son commandant.
La brigade d’Its’hak Sadeh à laquelle apparient le bataillon de Dayan est chargée d’attaquer le flanc nord du théâtre des opérations, d’occuper l’aéroport international de Lod, de faire la jonction avec le village juif de Ben Shemen qui est assiégé depuis plusieurs mois et de conquérir plusieurs villages au sud de Lod. Au retour de Dayan des USA, ses compagnies se sont déjà déplacées en direction de deux villages sur des collines situées près des monts de Samarie. En son absence, son adjoint a planifié l’attaque. C’est un officier vétéran de la brigade juive combattante qui a accumulé de l’expérience sur le front italien au cours de la seconde guerre mondiale. Il a préparé son plan en appliquant les meilleures méthodes apprises au sein de l’armée britannique. D’abord il souhaite commencer par bombarder les objectifs au canon et au mortier, puis ensuite, s’approcher prudemment et conquérir. Les paroles d’Abraham Baum résonnent probablement aux oreilles de Dayan. Au cours de l’opération, il modifie les ordres et quand la caravane de Half-tracks est stoppée par un feu nourri provenant de l’un des villages, il ordonne à l’un de ses commandants de compagnie de monter à l’assaut directement face au feu. lui-même se place en tête de la seconde compagnie et prend d’assaut le second village. C’est le premier engagement du bataillon et le succès encourage les soldats ainsi que Dayan qui va prendre des dispositions nettement plus audacieuses.
Lors de son séjour à New-York on lui avait demandé de se présenter dès son retour à Ben Gourion qui exerçait à la fois les fonctions de premier ministre et de ministre de la défense. Mais il avait choisi de rejoindre son bataillon qui s’était déjà mis en marche. Après que celui-ci ait rempli ses premières missions et bien qu’il soit encore engagé dans des combats contre des unités de la Légion arabe qui s’accrochent aux flancs des montagnes, Dayan part pour le bureau de Ben Gourion. L’Etat major n’est pas satisfait du travail du commandant de Jérusalem et Ben Gourion propose à Dayan de prendre le commandement de la ville. C’est une proposition qu’il est bien difficile de repousser. Jérusalem est l’un des théâtres d’opération les plus importants de la guerre, la mission est particulièrement stimulante et elle représenterait un bon en avant dans la hiérarchie militaire. Mais Dayan demande que sa nomination soit effective qu’après la fin de la bataille. Il s’explique ainsi face à Ben Gourion :
« Je viens juste d’être nommé commandant de bataillon. Je n’ai pas encore combattu. Ce matin a débuté le premier engagement et en aucune façon je ne veux abandonner le bataillon et son commandement. Le commandant d’un bataillon de commandos doit se battre à la tête de ses hommes. A Jérusalem, je devrai ordonner à d’autres de se battre. Ici je le fais moi-même. »
Ben Gourion est impressione et accepte sa requête. Le sujet reviendra à l’ordre du jour à l’issue des combats.