Le 1er juin 1952, Moshé et Ruth reviennent d’Angleterre et Dayan est nommé commandant du front nord. Dans un premier temps le chef d’État major, Ygal Yadin lui avait proposé le poste de Chef d’État-major adjoint en remplacement de Mordekhaï Maklef qui partait en formation. Malgré l’estime qu’il porte à Yadin, Dayan repousse la proposition en expliquant qu’être adjoint ne correspond pas à son tempérament. Il n’a pas de problème à se soumettre, même lorsqu’il est partagé sur ce qu’il pense de ses supérieurs. Mais comme adjoint il ne pourra pas exprimer ses opinions et il lui sera difficile de représenter le Chef d’État-major sur les dossiers pour lesquels il considère que son supérieur se trompe. Yadin n’insiste pas et l’envoie prendre le commandement de la région nord; mais dès lors il est évident que tôt ou tard Dayan retrouvera le chemin de l’État-major.
Les généraux de Tsahal sont pour la plupart plus âgés que Dayan d’une dizaine d’années. Ils appartiennent à l’ancienne génération des dirigeants de la Haganah et sont à présent en fin de carrière militaire. C’est l’époque où les officiers supérieurs issus des rangs du Palma’h quittent l’armée. Le seul à rester est Its’hak Rabin dont Ben Gourion freine l’avancée parce qu’il ne partage pas ses convictions politiques. Ceux qui restent sont les jeunes qui occuperont des positions clef dans l’armée qu’à partir des années 60. Dayan est à présent la personnalité qui émerge des rangs des officiers de sa génération et il est un candidat naturel pour jouer un rôle central. Sa fidélité totale à Ben Gourion et à a ligne politique l’aide sans doute à gravir rapidement les échelons.
Le refus de Dayan d’occuper la fonction d’adjoint au Chef d’État-major ne retard son ascension que d’une seule année. Pour l’instant Dayan déménage avec sa famille dans la région nord. Il ne retourne pas à sa ferme de Nahalal car il a depuis longtemps tournée la page de son vie paysanne. On met à sa disposition un appartement spacieux à Tiv’on, une localité entre ‘Haïfa et Nazareth. sa fille Yael étudie dans une institution prestigieuse, l’école hébraïque Réali de ‘Haïfa.
Dans le nord, Dayan est confronté aux mêmes difficultés que celles qu’il a du affrontées dans le sud : l’infiltration de réfugiés palestiniens provenant des camps du Liban et de Syrie d’une part et les localités de nouveaux immigrants d’autre part. Cette région nord si familière à Dayan depuis son enfance est bien plus peuplée et elle inclut une importante population palestinienne, rurale et urbaine. À la fin du conflit de 1948, plus de 100.000 arabes étaient restés en Galilée. Son poste de commandement se trouve au coeur de Nazareth, la pus grande ville arabe d’Israël. Il a sous sa responsabilité environ une centaine de villages et trois centres urbains arabes.
Un gouvernement militaire est mis en place afin de resserrer la surveillance de ces populations, qui ne combattent plus les juifs mais dont la loyauté à l’égard de l’État est sujette à cautions. Ce gouvernement impose leur impose différentes restrictions. La vie des citoyens est dirigée par des officiers aux ordres du commandant de la région. Le gouvernement militaire est haï des arabes et engendre une grande amertume. À la fin des années 50, Dayan arrivera à la conclusion que le temps est venu d’y mettre un terme et rendre possible l’intégration des arabes à la vie de l’État en tant que que citoyens normaux. Mais en tant que commandant du front nord, il estime qu’il s’agit d’un outil nécessaire pour gouverner une population hostile susceptible de servir de cinquième colonne en tant de guerre. Il n’émet pas à cette époque de réserves à propos des expropriations de terres arabes au profit de localités juives.