Les problèmes aux frontières du pays ne cessent pas de l’importuner. Après la destruction de Qibya, la légion jordanienne a renforcé son emprise à la frontière et le nombre des infiltrations meurtrières palestiniennes a diminué. Par contre les infiltrations à partir de la bande de Gaza contrôlée par l’Egypte se multiplient et Dayan poursuit sa politique de représailles. En janvier 1954, un mois après sa nomination à la tête de l’État-major, il décide de fusionner l’unité 101 et le groupe des parachutistes. Il place à la tête du nouveau bataillon Arik Sharon qui a déjà prouvé son leadership et sa capacité à réussir des raids courageux à l’intérieur du territoire ennemi. Au cours des trois années qui suivent le bataillon 890 des parachutistes sera l’outil principal grâce auquel Dayan appliquera sa politique de représailles. Cependant il n’abandonne pas son rêve de transformer l’armée toute entière en force combattante, courageuse et efficace. Ainsi il insiste pour que des unités d’autres brigades soient mobilisées pour des opérations extérieures. Il souhaite insuffler à tous les niveaux de commandement de Tsahal un esprit combatif identique à celui régnant parmi les parachutistes.
En juillet 1954, Dayan, accompagné du chef du département de l’instruction, le général Rabin et de quelques autres officiers, part pour une tournée au sein de l’armée des États-Unis. Dayan s’intéresse tout spécialement aux unités de commandos, aux parachutistes, à la manière qu’ont les américains d’entrainer et d’instruire les commandants des unités combattantes. A leur retour des USA, Dayan impose que tous les officiers des unités combattantes de Tsahal devront suivre une formation de parachutiste. « Chaque officier doit surmonter deux problèmes lors des combats : sa peur personnelle et le contrôle de ses hommes. Grâce à cet entrainement spécial il pourra au moins dominer son premier problème, la crainte pour son propre corps. »

Il suit lui-même la formation en compagnie de plusieurs officiers de l’État-major, dont le grand rabbin de l’armée. Au cours du dernier parachutage, Dayan se déboite le pied et arrive à la cérémonie de remise des ailes de parachutiste avec un pied bandé. C’est le commandant des parachutistes, Arik Sharon, qui lui fixe l’insigne. « Il était fier et heureux comme un petit garçon » se souviendra sa fille Yaël qui est déjà presque une jeune femme. L’évènement est largement relaté dans la presse quotidienne et devient un symbole de la politique du nouveau chef d’État-major. Le nombre de volontaires pour les unités de parachutistes dépasse de beaucoup les besoins du bataillon et Dayan décide qu’au sein de toutes les brigades régulières sera crée une compagnie de commandos dont les soldats suivront une formation de parachutiste. A la fin de l’année 1954, un an après la nomination de Dayan, l’ambiance au seine Tsahal a changé du tout au tout.