L’unité 101

Membres de l’Unité 101 après son intégration dans le 890e bataillon de parachutistes en 1955. De gauche à droite et de haut en bas : Lieutenant Meir Har-Zion – Major Arik Sharon – Lieutenant-Général Moshe Dayan (Chef d’État-Major) – Capitaine Dani Matt – Lieutenant Moshe Efron – Major-Général Asaf Simchoni – Capitaine Aharon Davidi – Lieutenant Ya’akov Ya’akov – Capitaine Raful Eitan

L’unité 101 reste opérationnelle que pendant quatre mois et n’a pas le temps d’exécuter de nombreuses opérations mais celles-ci deviennent rapidement célèbres grâce au bouche à oreille et sa gloire la précède malgré le secret total imposé sur la vraie nature de ses missions. En octobre 1953 plusieurs assassinats sont perpétués par des infiltrés venus de Jordanie. Le 12 octobre une grenade à main est lancée sur une maison d’une famille de la ville de Yéhoud proche de l’aéroport de Loi. Une mère et deux enfants sont tués, et un troisième est blessé. Pour l’État-major, c’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase. Il est décidé de lancer une vaste opération de représailles contre le village palestinien de Qibya où stationne un détachement de la Légion arabe charger de le protéger.

L’unité 101 et ses 40 combattants n’est pas de taille pour une telle opération. C’est pourquoi on lui adjoint une compagnie d’un bataillon de parachutistes. Arik Sharon qui commande l’opération, décide de modifier de son propre chef le teneur de l’ordre émanant de l’État-major. L’ordre précisait de détruire des maisons après avoir mis en fuite leurs habitants. Sharon écrit dans son ordre de mission que l’objectif de l’opération est de frapper au maximum les habitants et leurs biens. Ce ne sera pas la dernière fois que Sharon modifie, par écrit ou par ses actes, les décisions de l’État-major et durcit une opération qu’il commande. Le résultat est détestable. L’unité de la légion arabe se replie, le village est conquis mais 45 maisons s’effondrent sur leurs habitants et environ 70 personnes, principalement des femmes et des enfants, sont tués. Sharon affirmera que ses soldats pensaient que les habitants avaient fui avec les soldats de la Légion arabe et ne s’étaient pas donné la peine de vérifier qui restaient dans les maisons. Mais l’excuse apparait bien mince face à l’ampleur du carnage. L’opération provoque la colère dans le monde. Plusieurs pays, à commencer par les USA, protestent vivement auprès du gouvernement israélien contre cette cruelle opération. Dayan est envoyé pour plusieurs jours à New-York afin d’assister une délégation du ministères affaires étrangères dans le but de tenter de défendre la position d’Israël à l’ONU, sans pouvoir éviter un blâme sévère du Conseil de sécurité. Il en tirera une leçon :

Israël a compris que même si les arabes frappent des civils innocents, nous avons l’obligation de limiter notre réaction à des objectifs militaires. Ce qui est « permis » aux arabes et même aux autres peuples, ne sera ni excusé ni pardonné aux juifs et à Israël. Non seulement les étrangers mais également israël et les juifs du monde attendent de nous que nous conservions une stature morale, bien supérieure à celle qui existe dans toutes les autres armées.

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