Le poste de commandement de Dayan est voisin de Qastina, un camp militaire rapidement construit par les britanniques pendant la seconde guerre mondiale. Il ne se trouve dans les environs aucun espace convenable pour accueillir les familles des officiers. Pour le moment Dayan décide de laisser sa femme Ruth et ses enfants dans leur splendide maison de Jérusalem. Les enfants se sont à présent habitués à leur école en ville et Ruth a entamé l’oeuvre de sa vie : la sauvegarde des talents et des savoirs artisanaux des immigrants venus des pays orientaux qu’elle voudrait adapter au marché israélien. Elle passe dans toutes les localités d’intégration à la recherche de femmes et d’hommes qui pratiquent le tissage de tapis, l’orfèvrerie et la broderie, tels qu’ils les pratiquaient dans leur pays d’origine. Elle pense qu’ils seront capables de façonner des vêtements, des bijoux et des articles de ménagers qu’ils vendront sur les marchés du luxe israélien afin de pouvoir nourrir leur famille.
Dayan est de nouveau souvent absent de la maison et Ruth est très occupée de son côté. Sim’ha est en charge de l’intendance de la maison. Enfant, Sim’ha a immigré en Israël venant du Kurdistan dans les années 30. Elle fondera plus tard une famille à Jérusalem. Sim’ha n’est pas instruite mais sait beaucoup de choses. Elle est énergique et particulièrement intelligente. Elle restera longtemps au service de la famille Dayan. Certains prétendront que la seule personne dont Dayan avait peur était Sim’ha. Dans son livre, Yaël Dayan a écrit : » Je ne me souviens pas que mon père se soit comporté envers quelqu’un avec autant de respect et d’obéissance soumise que ce qu’il fit envers Sim’ha. » La vie des enfants et celle de Sim’ha s’entrelacent et elle devient rapidement une composante indissociable de la famille.